CLOSED FOREVER
Serge Tisseron écrit « Toute activité de symbolisation trouve son origine dans le deuil impossible du premier objet d’amour, la mère ».
Avec cette série de prises de vues réalisée dans des cimetières, Caroline de Otero tente de dépasser ce traumatisme sans le répéter. Traumatisme lié au décès, à la perte, mais aussi, aux répétitives visites dominicales de la tombe de ses grands-parents,
imposées par sa mère durant son adolescence.
Là, les Christ se meurent eux-mêmes. La pierre redevient poussière…Le bronze s’use et se dépiaute, le marbre s’érode, le granit se brise, les plantes poussent et font leur place. Cette série de natures mortes porte un regard sombre sur la finitude de l’âme humaine, se rapprochant du memento mori, pour nous rappeler que la mort est partout aux milieux des «vanités terrestres».
S’appuyant sur cet autre écrit de Serge Tisseron - « Toute photographie témoigne à la fois de la réalité physique qui fait face à l’objectif et de la réalité psychique de son créateur. » -, elle met en scène son obsession pour la Mort et les objets religieux, mystiques qui s’y rapportent.
Dans ce lieu de conservation de la mémoire, grâce à ces statuettes de Christ, de Vierge ou d’Anges, mi talismans, mi être vivant, intercesseurs entre Dieu et les vivants, chacun peut négocier avec les morts des petites faveurs. On appelle cela la superstition.
Par ce processus d’introjection psychique, dans une démarche quasiment mystique, Caroline de Otero nous renvoie au monde divin. Dans la relation magique au monde, les images ont une âme. Elles font communiquer les vivants avec les morts.
Par peur du Réel, ici la Mort, elle regarde à travers l’oeilleton, comme Persée qui devant ce Réel dangereux (Méduse) a préféré regarder son image dans le bouclier.



















